Pour chœur a cappella

Durée : 11’30

Sur un poème de Fernando Pessoa

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Commande du Festival International de Musiques Sacrées de Fribourg
Éditions PAPILLON

Création : le 11 juillet 2004 • Église du Collège Saint-Michel • Fribourg

Finnish Radio Chamber Choir
  • Direction : Timo Nuoranne

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Sonnet X

As to a child, I talked my heart asleep
With empty promise of the coming day,
And it slept rather for my words made sleep
Than from a thought of what their sense did say.
For did it care for sense, would it not wake
And question closer to the morrow’s pleasure?
Would it not edge nearer my words, to take
The promise in the meting of its measure?
So, if it slept, ’twas that it cared but for
The present sleepy use of promised joy,
Thanking the fruit but for the forecome flower
Which the less active senses best enjoy.
Thus with deceit do I detain the heart
Of which deceit’s self knows itself a part.

by Fernando Pessoa

Comme un enfant, j’entretenais mon cœur endormi
Des vaines promesses du jour à venir,
Et il dormait plutôt d’entendre ces mots
Que de penser leur sens.
Car si le sens était de son souci, ne se lèverait-il pas
Pour au plus vite interroger le matin dans ses bonheurs ?
Ne se glisserait-il pas au plus près de mes mots, pour s’emparer
De la promesse que renferme leur mesure ?
Ainsi, s’il dormait, c’était qu’il ne se souciait
De jouir sans délai, même endormi, de la promesse d’une joie,
Rendant grâces au fruit, mais pour la fleur passée,
Que mieux apprécient les sens les moins vifs.
Ainsi en le trompant retiens-je ce cœur,
Dont la tromperie même sait être une partie.

Traduction d’Olivier Amiel, Christian Bourgois Editeur