Pour soprano, flûte (ou flûte de pan) et guitare

Durée : 10′

Sur un poème de Fernando Pessoa

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Commande de l’ensemble Verso
Éditions PAPILLON

Création : le 16 octobre 2003 • Institut Néerlandais • Paris

Ensemble Verso
  • Soprano : Valérie Guillorit
  • Flûte de pan : Matthijs Koene
  • Guitare : Stefan Gerritsen

Cette pièce s’inscrit dans une série d’œuvres en chantier inspirées par les 35 sonnets anglais de Fernando Pessoa. Je désirais ici une musique exprimant une part de ce qui précède l’existence, de ce qui vient avant l’apparition des tensions du réel. Cette interrogation mystérieuse de l’instant qui précède, bien moins violente que la crainte de l’instant qui suivra m’habitait. C’est pourquoi, dans l’enlacement de la guitare, de la flûte et de la voix, j’ai cherché tout sauf les effets dramatiques liés à l’attente d’une fin.

Sonnet XXIV

Something in me was born before the stars
And saw the sun begin from far away,
Our yellow, local day on its wont jars,
For it hath communed with an absolute day.
Through my Thought’s night, as a worn robe’s heard trail
That I have never seen, I drag this past
That saw the Possible like a dawn grow pale
On the lost night before it, mute and vast.
It dates remoter than God’s birth can reach,
That had no birth but the world’s coming after.
So the world’s to me as, after whisperer speech,
The cause-ignored sudden echoing of laughter.
That’t has a meaning my conjecture knows,
But that’t has meaning’s all its meaning shows.

by Fernando Pessoa

Quelque chose de moi est né avant les astres
Et a vu commencer le soleil au loin.
Notre jour local et jaune détonne sur cette impression,
Qui a participé d’un absolu du jour.
Dans la nuit de ma Pensée, comme la marque de vêtements usés
Que je n’ai jamais portés, je traîne ce passé
Qui a vu le possible en aube devenue pâle
De la nuit qui vient de se perdre, muette et vaste.
Elle vient de plus loin encore que du jour où Dieu naquit,
Qui lui-même est né simplement d’être là avant le monde.
Ainsi le monde est pour moi, après ce chuchotement,
L’écho soudain et sans raison d’un rire.
Qu’il ait un sens, mes pensées l’imaginent,
Mais qu’il a un sens, tel est l’unique sens de ce sens.

Traduction d’Olivier Amiel, Christian Bourgois Editeur