Pour flûte (picc. et flûte alto), clarinette (clar. basse), piano, violon et violoncelle

Durée : 23′

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Commande de l’ensemble Contrechamps

Editions PAPILLON

Création : Le 18 février 2009, Rome (Villa Médicis)

  • Ensemble Contrechamps
  • Direction : Jurjen Hempel

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Au cours de la composition de cette pièce est né le désir de quitter les références poétiques et picturales qui ont eu une grande importance dans mes œuvres depuis dix ans (le peintre Cy Twombly, le mystique Jean de la Croix et le poète Fernando Pessoa) pour m’aventurer vers les terres d’une musique dite « pure ».

Composée durant mon séjour à la Villa Médicis (2008-2009) cette pièce a en effet traversé de nombreuses phases durant sa gestation puisqu’à l’origine il s’agissait de poursuivre mon compagnonnage avec l’oeuvre du poète portugais Fernando Pessoa. Une voix était prévue ainsi qu’une légende portugaise à caractère messianique : la légende du roi caché. Au cours du travail, comme si je perdais successivement mes masques, ces éléments m’ont semblé de plus en plus secondaires alors qu’une image abstraite s’est imposée comme essentielle : celle de 14 inscriptions indéchiffrables.

La pièce est devenue l’expression du flux d’une conscience humaine cherchant à lire et à comprendre 14 signes provenant d’aucune langue connue. Le contre-ténor a ainsi disparu et ce qui voilait la voix est devenu la chaire de l’œuvre : les lignes secondaires se sont transformées pour devenir le premier plan sonore. Cela m’a aussi conduit à chercher l’instable, à ignorer ce qui pourrait se figer mais aussi à lutter contre la disparité, comme si une monade se tenait prête à surgir à tout moment au cœur même du multiple et du mouvement. Suis-je condamné à créer des formes « impures », à composer des musiques qui cherchent à s’unir aux autres arts ? Car, finalement, là où je cherchais à me libérer de mots, une nouvelle référence poétique est apparue, il s’agit de quelques phrases de Giordano Bruno. Elles me semblent résumer de manière bouleversante la musique que je rêve.

Rien ne repose, mais tout tourne et tournoie

Autant qu’au ciel et sous le ciel on voit.

Toute chose se meut, en haut ou en bas,

Bien qu’elle soit longue ou brève,

Ou pesante, ou légère ;

Et peut-être tout va-t-il du même pas

Et vers le même point.

Tant le tout se meut jusqu’à l’Un,

Tant la vague sur l’eau tournoie,

Qu’une même partie

Tantôt retombe, tantôt remonte,

Et le même tournoiement

Donne au tout

Tous les mouvements possibles.

Giordano Bruno « l’infini, l’univers et les mondes », traduction B. Levergeois

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