pour quintette vocal et ensemble

Durée : 25’00

Commande de l’ensemble Gli Angeli – Genève

Création le 14 octobre 2021 à Monthey – Eglise de Monthey
Ensemble Gli Angeli Genève
Ensemble Contrechamps

Direction : Stephan MacLeod

Partition complète

Texte chanté

Cette œuvre est donnée en écho au cycle de sept cantates Membra Jesu Nostri de Dieterich Buxtehude basé lui-même sur un texte médiéval de l’abbé cistercien Arnulf de Louvain.
La volonté de retour à l’essentiel qui est si caractéristique de l’art cistercien ne peut que nous interpeller aujourd’hui. Une radicalité face à laquelle les plus motivés des « décroissants » d’aujourd’hui semblent être de doux modérés.
Nous le savons, l’architecture, la poésie et la musique cistercienne abhorrent le superflu et l’apparat. Dans cet esprit le choix poétique de Dieterich Buxtehude est absolument cohérent : l’idéal réformé étant une nouvelle tentative de retour à l’essentiel. Aujourd’hui dans une modernité rationnelle cet idéal nous semble à la fois daté par l’ampleur de la préoccupation mystique mais aussi universel par son élan radical vers une recherche de sens. La contemplation, souvent très directe, des plaies du Christ est le point de départ de l’ensemble du processus poétique et musical de l’alliance Buxtehude / Arnulf de Louvain. Ce processus vise à changer, transformer celui qui accepte de contempler.
Cette idée de transformation, de « Métanoïa », sera au centre de ma composition pour l’ensemble Gli Angeli Genève et l’ensemble Contrechamps.
Ainsi, je souhaite travailler à partir une symétrie des quintettes :
– les 5 voix
– les 5 violes
– le quintette à vent (flûte, hautbois, clarinette, cor et basson)
– le quintette « continuo »
Ceci afin de produire, du point de vue sonore, des glissements entre les époques et les identités. Ces quintettes représentent trois époques historiques chacune traversée à sa manière par une quête de l’essentiel, les voix pouvant nous rappeler les voix cisterciennes, les violes le XVIIème siècle et le quintette à vent notre présent. Les symétries temporelles sont renforcées par le fait que 400 ans nous séparent de Buxtehude puis 400 ans séparent également Buxtehude d’Arnulf de Louvain.
Au cœur de cette structure un quatrième quintette (2 violons, Archiluth, orgue positif et violoncelle) constituera le lieu des impulsions, le point de départ de l’injonction à « changer sa vie ». Cette proposition sonore sera d’une certaine manière prolongée tout à tour dans les voix, les violes et le quintette à vent, signe de ce qui change mais aussi de ce qui reste.

Cette architecture sonore est certainement, en fin de compte, une tentative de créer une sphère de protection grâce à un rituel sonore abritant celles et ceux qui contemplent afin que le lion féroce ne les attaque pas.

Xavier Dayer