Pour mezzo-soprano, saxophone alto et percussion

Durée : 8′

Sur des poèmes de Fernando Pessoa
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Commande de Musica Moderna Zürich

Éditions PAPILLON

Création : Le 14 février 1999 • Zürich • Concerts Musica Moderna

  • Mezzo-soprano : Barbara Sutter
  • Saxophone alto : Rico Gübler
  • Percussion : Christoph Brunner
La pièce met en scène des êtres rêvés dont l’existence, le passé et la vie sont mis en doute. Ces êtres sont à la fois plusieurs et un seul. Ils sont à l’image des hétéronymies de F. Pessoa. Ici c’est la première veilleuse qui tente de se tourner vers ses souvenirs d’enfance.

Ces trois chants seront ensuite intégrés à mon opéra de chambre « Le Marin » sur le texte de jeunesse de Fernando Pessoa.

I.
Do lado de cã de todos, os montes é que a vida é sempre feia… Do lado de lã, onde mora minha mãe, costumávamos sentarmo-nos à sombra dos tamarindos e falar de ir ver outras terras… Tudo ali era longo e feliz como o canto de duas aves, uma de cada lado do caminho… A floresta não tinha outras clareiras senão os nossos pensamentos… E os nossos sonhos eram de que as arvores projectassem no chão outra calma que não as suas sombras… Foi decerto assim que ali vivemos, eu e não sei se ma alguém…

by Fernando Pessoa

I.
C’est de ce côté-ci des montagnes que la vie est toujours laide… De l’autre côté, où habite ma mère, nous avions l’habitude de nous asseoir à l’ombre des tamariniers et nous parlions d’aller voir d’autres terres… Alors tout était durable et joyeux comme le chant de deux oiseaux, de chaque côté du chemin… La forêt n’avait d’autres clairières que nos pensées… Et nos rêves étaient que les arbres projettent sur le sol, non plus leur ombre, mais plus de calme,,, C’est bien ainsi, vraiment, que nous vivions, moi et je ne sais si quelqu’un d’autre…

II.
Ao pé da minha casa natal havia um lago. Eu ia lá e assentava-me à beira dele sobre um tronco de árvore que caíra quase dentro da água… Sentava-me na ponta e molhava na água os pés, esticando para baixo os dedos. Depois olhava excessivamente para as ver. Não sei porquê, mas parece-me deste lago que ele nunca existiu…

by Fernando Pessoa

II.
Auprès de la maison où je suis née, il y avait un lac. J’y allais et je m’asseyais au bord, sur un tronc d’arbre qui était presque tombé dans l’eau… Je m’asseyais tout au bout et je trempais mes pieds dans l’eau, en étirant les doigts vers le bas… Ensuite je regardais fixement le bout de mes pieds, mais ce n’étais pas pour les voir. Je ne sais pourquoi, mais il me semble que ce lac n’a jamais existé…

III.
Minha irmã, em mim tudo é triste. Passo Dezembros na alma… Estou procurando não olhar para janela… Sei que de lá se vêem, ao longe, montes… Eu era pequenina. Colhia flores todo o dia e antes de adormecer pedia que não mas tirassem…

by Fernando Pessoa

III.
Ma sœur, en moi tout est triste. Décembre en mon âme ne cesse de passer… Je m’efforce de ne pas regarder par la fenêtre… Je sais qu’on y voit, au loin, des montagnes… J’étais une petite fille. Je cueillais des fleurs toute la journée et avant de m’endormir je demandais qu’on ne les jette pas…

Fernando Pessoa • O marinheiro • Extraits de texte • Traduction de Bernard Sesé

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